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Un collectif se mobilise contre la "privatisation" des cantines d'Ambérieu
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Un collectif se mobilise contre la "privatisation" des cantines d'Ambérieu

Un article rédigé par Noémie Chassin - RCF Pays de l'Ain, le 21 mars 2024  -  Modifié le 22 mars 2024
Ainfo Mag Un collectif se mobilise contre la "privatisation" des cantines d'Amberieu


Un collectif de parents d’élèves et d’élus de l’opposition s’est mobilisé contre la décision du Maire d'Ambérieu-en-Bugey, qui souhaite recruter un prestataire externe pour préparer les repas dans les cantines scolaires.

Un collectif se mobilise contre la "privatisation" des cantines d'Ambérieu en Bugey Un collectif se mobilise contre la "privatisation" des cantines d'Ambérieu en Bugey

 

“Sauvons la cantine, non à la privatisation” . Ce sont les mots que l’on peut lire sur les pancartes du collectif “Une bonne cantoche pour nos mioches”. La Ville d'Ambérieu en Bugey a annoncé en décembre vouloir recruter un prestataire privé pour préparer les repas de toutes les cantines scolaires de la ville. Ce changement concerne l’école maternelle, élémentaire, la crèche et le centre de loisir.

 

Ce n’est pas une lubie qui nous a pris le matin ou seulement la semaine dernière. C'est un constat depuis deux, trois ans. On a observé une augmentation continue et régulière du nombre de familles qui inscrivent leurs enfants à la restauration scolaire. Il faut savoir que la restauration scolaire telle qu'elle est organisée aujourd'hui est régie en interne, dans des locaux qui saturent, qui ne peuvent plus être agrandis, ou modifiés.

Daniel Fabre, maire d’Ambérieu-en-Bugey

 

Il y a deux ans, le Département a fixé à la Ville, un plafond à 650 repas. Selon le Maire, celui-ci n’est pas encore atteint mais les repas continuent d’augmenter. Pour continuer de répondre à la demande des familles, une étude a été réalisée et a mis en avant trois solutions. 

 

La première solution, c’est de ne rien faire tant que le plafond n’est pas dépassé, mais ce n’est pas une solution d’avenir.  La deuxième solution, c'est une délégation de service public. On confierai les clés de la restauration scolaire de A à Z sur une durée de 8 à 10 ans. Le prestataire s’occuperait de la confection des repas, en passant par le service aux enfants et par la facturation aux familles. Là, on pourrait parler de privatisation, comme le met le collectif sur ses affiches. Malheureusement ce n’est pas la solution qui a été retenue.

 

La seule solution

 

Daniel Fabre souhaite garder le personnel communal, malgré leur choix de confectionner les repas hors des cuisines municipales. Le prestataire qui répondra aux critères du cahier des charges livrera les repas à partir de la rentrée prochaine.

 

 

On est relativement exigeant en termes de qualité des repas et des matières premières, avec un suivi par un diététicien. Ce sont des éléments que nous n'avons pas aujourd'hui. Je reste intimement convaincu que la qualité des repas demain sera meilleure que celle que l'on sert aujourd'hui. Nous sommes partis sur un marché plutôt court , avec un contrat de deux ans, renouvelable deux fois, donc maximum 4 ans. Ce qui veut dire que l'on peut changer en cours de route, et que si à un moment pour une raison X ou Y certains éléments du contrat ne sont pas respectés, on pourra changer dès qu'on les aura constaté.

 

 

“Une cantoche pour nos mioches” : un collectif se mobilise

 

Face à cette annonce, un collectif s’est formé regroupant des parents d’élèves mais aussi des élus de l’opposition d’Ambérieu citoyenne et Vivons notre Ville.

 

La municipalité nous avait promis un maraîcher bio et local. Mais finalement, on fait le grand écart parce qu'on va se retrouver un gros de l’agro business.

Antoine Marino Morabito, conseiller municipal de l’opposition Ambérieu Citoyenne, membre du collectif “une bonne cantoche pour nos mioches”

 

La réunion de mi-décembre entre les parents d’élèves et la ville d'Ambérieu a été le point de départ du collectif. 

 

La mairie a réuni les représentants des parents d'élèves pour leur annoncer qu'ils allaient externaliser la préparation des repas pour les écoles à partir de septembre 2024.  Ils veulent quand même garder le personnel de service mais acheter les repas à un prestataire externe.

Thomas L’excellent, représentant des parents d’élèves de l’école Jules Ferry, membre du collectif

 

Actuellement, les repas se font en liaisons chaudes. Il y a une cuisine centrale qui livre les 4 restaurants satellites. Le principe, c'est qu'il cuisine chaud et garde les préparations chaudes dans les restaurants. Désormais, le collectif nous explique qu’avec ce prestataire, les repas passeront en liaison froide. 

 

Le prestataire va préparer les repas au mieux la veille. Mais possiblement, on va dire trois jours à l'avance. Je crois que ça peut aller jusqu'à 5 jours. Ils cuisinent, ils passent, ils remettent au froid en l'espace de deux heures à 3 degrés, je crois. Et après, ils ont quelques jours pour servir. Donc ce sont des barquettes froides qui vont arriver dans les restaurants qui vont être réchauffées par les cuisiniers. Du coup, ces derniers vont se retrouver juste à réchauffer des barquettes plutôt qu'à cuisiner.

Thomas L’excellent, membre du collectif 

 

Une mobilisation aux solutions alternatives

 

Depuis l’annonce, le collectif met en place différentes actions pour contrer la décision du maire. Ils ont notamment créé une pétition. Celle-ci a été remise par les écoliers à Daniel Fabre, maire d'Ambérieu avant le conseil municipal du vendredi 15 mars. 976 signatures ont été collectées. 

 

Les membres du collectif ont réfléchi à une solution alternative à celle de la commune. 

 

Ça fait 10 ans que la cantine est en perte de vitesse, en perte de d'investissement de la part de la collectivité. En 2014, il y avait 2,5 temps plein pour servir 400 repas. Et en 2022, ils étaient autant pour en servir 650. Donc le premier axe, c'est de remettre du personnel formé pour assurer le service. Le deuxième, c'est de travailler avec les agriculteurs bio pour alimenter la cantine. C'est-à -dire qu'il faut chercher un partenariat au niveau local. Le Département de l'Ain dispose d'un organisme, Agrilocal 01, qui permet de faire des commandes groupées avec des producteurs locaux. Et le troisième et dernier axe, c’est d'assurer un partenariat et un dialogue avec les parents. La municipalité ne peut pas faire les choix toute seule dans son coin et les imposer comme elle vient de le faire.

Gérard Portal, membre à l’initiative du collectif

 

Le collectif estime même qu'en rénovant la cantine déjà existante, et fonctionnelle à 50%, cette alternative sera moins coûteuse pour la commune mais également pour les familles. 

 

Un enjeu plus profond

 

Pour Gérard Portal, c’est un problème plus profond. 

 

Derrière notre action, il y a en réalité des enjeux qui sont plus globaux, dans lesquels on peut se retrouver tous ensemble. Sauver une cantine au niveau local, c'est aussi parler d'agriculture locale, au moment où nos agriculteurs étaient dans la rue parce qu'ils n'avaient pas assez de revenus liés à leur activité. Faire du local dans un service public, c'est leur garantir un revenu par exemple.

 

Même si pour Daniel Fabre et la majorité de la municipalité, ce projet est acté, le collectif ne compte pas baisser les bras et compte intégrer la future commission "menu" concernant la qualité des repas.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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