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RCF Etienne Jacob, journaliste infiltré : "Les sectes du "bien être" sont en plein essor"
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Etienne Jacob, journaliste infiltré : "Les sectes du "bien être" sont en plein essor"

Un article rédigé par Margot Hemmerich - RCF, le 19 avril 2024  -  Modifié le 19 avril 2024
L'Invité de la Matinale Etienne Jacob, journaliste infiltré : "Il y a un vrai phénomène de dérives sectaires en France"

Etienne Jacob est journaliste au Figaro, spécialiste des mouvements sectaires. Pendant plusieurs mois, il s'est infiltré au cœur de différentes sectes dont il a tiré un livre : "La France des gourous : journal d'un infiltré" (Editions Rocher).

 

 

Maquette de l'ambassade que Rael et les Raeliens souhaitent construire, Place Bellecour à Lyon ©Hans Lucas Maquette de l'ambassade que Rael et les Raeliens souhaitent construire, Place Bellecour à Lyon ©Hans Lucas

C’est face à l’explosion du nombre de signalements auprès de la Mission interministérielle de vigilance contre les dérives sectaires (Mivilude), que le journaliste a décidé d’enquêter “undercover”

Dénoncer les ressorts 

“Je voulais montrer les ficelles utilisées par ces gourous pour séduire et manipuler”, explique Etienne Jacob. 

L'enquêteur le reconnaît : les ressorts déployés par les gourous de ces mouvements sectaires sont efficaces. “Quand je me retrouve dans le mouvement Raélien, par exemple, on m'offre une overdose d'amour”.

Ce n’est pas faute de connaître les rouages : “la secte de Rael c'est croire aux extraterrestres et cotiser 10 % - et t jusqu'à 100 % pour certains -  pour construire une ambassade afin de les accueillir sur terre.”

“Tout le monde peut tomber dedans”

Ce que note l'infiltré, c’est surtout l’essor et la diversité des mouvements sectaires. “Il y a autant d'offres que de clients potentiels. Vous avez forcément quelqu'un dans votre entourage qui s'est déjà laissé glisser dans l’un de ces mouvements-là”, assure-t-il.

Dans une démarche journalistique, il ne veut porter aucun jugement. “Je ne veux surtout pas prendre les adeptes pour des illuminés. Au contraire, je crois que ce sont des victimes qui pour certaines ont passé des dizaines d'années dans le mouvement. J’ai une vraie empathie pour ces personnes”, insiste Etienne Jacob. 

Dans certains mouvements, l’emprise peut aller jusqu’aux abus sexuels, parfois la mort. “Le manque de sommeil, les carences… Les conséquences peuvent être terribles”, rappelle-t-il.

Essor des sectes “du bien-être”

Parmi les mouvements en plein essor, il dénonce, entre autres dérives, celles liées au domaine de la santé. Ainsi s’est-il retrouvé, en mai 2023, à Névache dans les Hautes-Alpes, entouré d’adeptes du cru autour de leur gourou. “C’est une naturopathe qui a plus de 90 ans qui dit que pour aller mieux, il faut manger cru, se purger à l'huile de ricin régulièrement et se soigner éventuellement avec les plantes”, raconte le journaliste. 

Jusque-là, rien de bien grave. “Sauf que cette personne, Irène Grosjean, est épaulée par Miguel Barthéléry, qui lui a été condamné par la justice pour exercice illégal de la médecine. il conseillait à une personne de se détourner de son traitement pour le cancer, et ce patient est décédé”. 

Entre 2016 et 2020 (jusqu’à la crise du Covid), les signalements pour dérives sectaires auprès des services de l’Etat ont doublé, avec plus de 4 000 signalements, dont 600 concernaient le crudivorisme.

Danger de santé publique

Ces mouvements surfent sur un climat favorable et sur le succès des médecines alternatives.

“Aujourd'hui, il y a une porte qui est grand ouverte pour ces mouvements, avec le salon du bien-être et des médecines douces à Paris. Pour moi, c'est le royaume des charlatans. On y vend des pierres miracles et des cailloux à plusieurs centaines d’euros censés soigner du cancer”. 

Le journaliste dénonce notamment un danger de santé publique, face auquel la Mivilude est aujourd’hui largement impuissante. “Ce qu’on voit, ce n’est que la partie visible de l'iceberg”. 

Rôle des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur dans l’essor des mouvements sectaires, observe le journaliste : “Les victimes sont souvent nourries par une idéologie conspirationniste et vont se regrouper sur des réseaux sociaux où des gourous diffusent leurs idées”. 

Celui-ci pointe enfin un “détournement de la spiritualité” dans ces mouvements. “Pour moi, il ne s’agit pas de faire la chasse à ceux qui croient, mais bien à ceux qui font croire des choses avec des intentions néfastes”. Et parmi elles : l’argent, qui se trouve toujours au coeur, quelle que soit la secte. 

 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'Invité de la Matinale

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