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Abus sexuels et spirituels : démission de tous les membres de la commission d'enquête sur les foyers de charité

Abus sexuels et spirituels : démission de tous les membres de la commission d'enquête sur les foyers de charité

Un article rédigé par Maguelone Peuchot - RCF, le 20 mars 2024  -  Modifié le 4 avril 2024

Nouveau scandale dans les enquêtes portant sur les abus sexuels commis au sein de l’Église. Dans un communiqué publié mardi 19 mars, les membres de la commission indépendante et interdisciplinaire d’enquête ont exprimé, à l'unanimité, leur retrait et l’annulation de toute activité de la commission d’enquête sur les abus sexuels et spirituels commis dans certains foyers de charité, fondation au rayonnement national et international.

Foyer de charité ©Wikimedia commons Foyer de charité ©Wikimedia commons

Leur travail avait permis de recueillir 143 témoignages de victimes d’abus sexuels et spirituels subis notamment par d’anciennes élèves de l’école Châteauneuf ainsi que d’anciens participants aux retraites de l'œuvre de charité. Mais ce travail s'interrompt brusquement, après l'annonce ce mercredi 20 mars, de la démission de l'ensemble de la commission d'enquête sur les Foyers de Charité. 

Qu’est-ce que la commission indépendante et interdisciplinaire d’enquête sur les Foyers de Charité ? 

Formée il y a un an en mars 2023, la commission indépendante et interdisciplinaire d’enquête a été chargée de faire la lumière sur les abus commis au sein du foyer de charité de Châteauneuf-de-Galaure par le père Georges Finet, cofondateur de l'œuvre de charité avec Marthe Robin et aujourd’hui décédé.

Par ailleurs, l'évêque Michel Dubost avait demandé cette commission au Vatican mais a donné sa démission le 12 février dernier. Il a été responsable des Foyers de Charité pendant deux années consécutives. Avant lui, le cardinal Jean-Pierre Ricard avait été nommé délégué pontifical pour l'association privée de l'Œuvre des foyers de charité, mais il avait été lui-même rattrapé par des soupçons d'agressions sexuelles.

Après trois changements de gouvernance, il y a aujourd'hui à la tête des œuvres de charité deux délégués pontificaux, M. Laurent Landete, directeur du Collège des Bernardins et Sœur Christine Foulon, religieuse dans la communauté de l’Assomption.

Qui étaient les membres de la commission ?

Tous les membres de la commission mettent donc fin à leurs activités en tant que commission d'enquête sur les abus commis au sein des Foyers de Charité. Ils se comptaient au nombre de huit, exerçaient en tant que bénévoles, en supplément de leurs différentes activités professionnelles. Il y avait une théologienne Marie-Jo Thiel, un historien Denis Pelletier, un politiste Philippe Portier, deux théologiens Joël Molinario et Lionel Siben ainsi que deux psychiatres Thierry Baubet et Jean-Georges Rohmer, et enfin Alessandra Pozzo, linguiste et chercheuse au CNRS. 

Pourquoi tous les membres de la commission démissionnent-ils ?

Les membres ont choisi de démissionner pour plusieurs raisons factuelles. Lors de rencontres avec les deux délégués pontificaux, M. Laurent Landete et Sœur Christine Foulon, les termes de la commission auraient été modifiés, transformant la commission d’enquête en simple commission. Par ailleurs, la légitimité d'Alessandra Pozzo aurait été aussi mise en cause.

Les membres de la commission disent avoir rencontré d’autres difficultés au cours de leur travail, notamment de l’hostilité de la part des Foyers de Charité. Le président de la fondation, François Jaclot, aurait refusé de reconnaître l’essence même de cette commission, à savoir "la liberté d’enquête, les conditions de réalisation et celles de sa diffusion". Par ailleurs, les membres de la commission pointent des dissensions entre les délégués pontificaux. Autant de raisons qui compliquent leur travail et qui ne répondent pas aux règles élémentaires exigées par les précédentes commissions indépendantes, selon eux.

Pour Thierry Baubet, pédopsychiatre et membre de la commission, cette attitude des représentants de la fondation cache autre chose. "Manifestement, il s’agit désormais d’éteindre la lumière sur la matrice de déviations qui ont conduit à un très grand nombre d’abus", dit-il sur son compte X, anciennement Twitter.

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